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Actualités 26 avril 2018

Jean-Dominique Senard, président du groupe Michelin, une vision de l’entreprise

Jean-Dominique Senard était l’invité du Medef Deux-Sèvres mi-avril pour son assemblée générale. Un capitaine d’industrie qui a su, à travers un discours éclairé, transmettre sa vision de l’entreprise aux dirigeants venus en nombre à Niort.

Une table ronde équilibrée

Le MEDEF Deux-Sèvres avait savamment organisé le débat : le président de l’ordre des experts comptable : Mikaël Hugonnet comme animateur/modérateur, tandis que Claire Morisset directrice-associée du Cabinet KPMG à Niort intervenait à la table-ronde.

Pour les trois autres témoins, le nord du département était en force avec Bertrand de la Porte du Theil, président de Doc Emballages à Thouars, Sébastien Desré, PDG de la SCOP M-Ry à Parthenay et Olivier Guilbaud président du directoire du Laboratoire Sciences et Nature de Nueil les Aubiers.
Chacun avait préparé une, voire deux questions pour Jean-Dominique Senard. Sur la place des femmes en entreprise, il a bien entendu pris l’exemple de Michelin avec des métiers durs physiquement et donc peu ouverts à la gent féminine dans la manufacture de pneumatiques. "Nous avons un programme ambitieux à l’horizon 2020 : parvenir à 30% de femmes dans le groupe. Aujourd’hui, nous sommes à 25% et 3 femmes sur 11 membres du Comité exécutif. Personnellement, je ne crois pas à la parité, mais nous avons besoin de femmes pour développer l’industrie ! Il faudrait d’ailleurs orienter davantage les jeunes femmes vers les écoles d’ingénieurs."
Sur le dialoge social, Jean-Dominique Senard a confié qu’il avait été le premier président du groupe à recevoir les syndicalistes dans son bureau. Pour lui, "le dialogue avec les équipes sur le terrain est essentiel car eux savent ce qu’il se passe au jour le jour, c’est le point fondamental du principe des accords Macron : celui des accords d’établissement."
Autre point abordé : celui de l’innovation participative, une question posée par le dirigeant d’M-RY, sous statut SCOP. Jean-Dominique Senard a rappelé que "Michelin est une entreprise de matériaux technologiques, il est donc important de faire participer les équipes à l’innovation. Nous avions lancé il y a quelques années les "Bib’innov" encourageant les salariés à faire part de leurs idées. A notre grande surprise, nous avons été submergés d’initiatives pertinentes. La recherche fondamentale chez Michelin, c’est 30% de l’activité. Il faut privilégier l’open innovation, nous ouvrir au monde. Michelin a été très long à comprendre qu’il fallait déposer les brevets."

Quelle est la vision de l’entreprise exprimée dans le rapport Senard-Notat ?

En mars dernier, Nicole Notat qui fut secrétaire nationale de la CFDT de 1992 à 2002 et Jean-Dominique Senard ont remis au Gouvernement un rapport sur "L’entreprise, objet d’intérêt collectif". "C’est un hymne à la responsabilité des entreprises qui doit être leur raison d’être. Les élites dirigeantes du Pays ont enfin compris le rôle essentiel de l’entreprise. Le capital n’est pas un gros mot mais il faudrait aller vers un concept d’entreprise européenne pour solidaire, en opposition au modèle anglo-saxon. Il faut maintenant faire évoluer les choses et c’est le sens de ce rapport. ."
Dans ce rapport de plus de 100 pages, les constats et propositions sont multiples et permettent, tout comme l’intervention de Monsieur Senard à Niort, de prendre un peu de hauteur et de réfléchir à l’évolution de notre société notamment via celle de l’entreprise. Le court-termisme et la financiarisation qui pèsent sur les entreprises y sont évoqués de même que les enjeux sociaux, environnementaux, l’image de l’entreprise, la législation à faire évoluer, tout comme l’administration. Autant de pistes qui, conduiront peut être aux changements de demain.

Jean-Dominique Senard défend le concept d’entreprise européenne plus solidaire

Le président du Groupe Michelin s’est ensuite livré à une analyse de la conjoncture, des enjeux pour le Pays : "les mouvements sociaux que nous connaissons actuellement sont les derniers feux d’un syndicalisme fondé sur la lutte des classes. Un modèle qui ne semble plus adapté au monde actuel. Je suis optimiste sur la place de la France dans l’Europe et dans le monde, mais il faut travailler sur la réduction des dépenses de l’Etat car sinon, au prochain retournement économique, ce sera la catastrophe.
La mondialisation, nous y sommes confrontés chaque jour. L’Europe est le seul continent dont le marché est totalement ouvert. Chez Michelin, nos principaux concurrents sont d’ailleurs des pneumatiques à bas coût dont le prix de vente est inférieur à nos coûts de fabrication en France ! Face à ce constat, fermer les frontières n’est bien entendu pas la solution, il faudrait lutter contre l’obsolescence programmée de façon plus drastique, modifier les normes qui actuellement ne sont fondées que sur les produits neufs, sans considération de leur durabilité. Chez Michelin, nous avons des décennies de savoir-faire qu’il nous faut, comme nombre de fabricants français, valoriser et défendre.
"

Quelques chiffres sur le Groupe Michelin : 114 000 personnes de 120 nationalités sont employées par Michelin dont plus de 6000 chercheurs répartis sur 25 sites et 3 continents. (Budget R&D 641 millions d’euros) 20,9 milliards € de ventes nettes en 2016. 68 sites de production répartis dans 17 pays. 6456 personnes ont rejoint Michelin en 2016. L’entreprise Michelin est née en France à Clermont-Ferrand en 1889.

Une assemblée au cours de laquelle Paul-François Arrighi (au centre) a accueilli ses homologues de la Charente-Maritime (François Papin à droite) et de la Vienne (Richard Lazurowicz à gauche)

Un Medef Deux-Sèvres autofinancé qui poursuit son développement

Paul-François Arrighi, le président du MEDEF Deux-Sèvres, avait au préalable rappelé le bon bilan du syndicat patronal, autofinancé et toujours soucieux de développer plus de services pour répondre aux attentes de ses adhérents. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’on été accueillis les derniers en date, passant ainsi le cap des 500 adhérents.
"Sortis du combat qui nous opposait à une politique nationale inadaptée, nous sommes désormais actifs sur les mutations profondes en cours des organisations patronales et soucieux d’inspirer les politiques nationales et locales qui nous concernent. Parmi nos objectifs pour l’année 2018 : affirmer notre vision de l’entreprise, maintenir un haut niveau de services avec une équipe de permanents à l’écoute et de qualité, mais aussi nous ouvrir aux jeunes générations d’entrepreneurs."
Parmi les axes de travail déjà sur la table cette année, le président Arrighi a cité la gestion des risques en entreprise, un travail sur la gouvernance, la participation à l’accélérateur Niort Tech axé sur l’assurance et Stratexio, un dispositif propre au Medef, dédié à l’export et déjà appliqué avec succès dans la Vienne.

CR

Les derniers adhérents du Medef Deux-Sèvres à l’honneur lors de cette assemblée


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