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Banque centrale : quand chaque parole compte
Une banque centrale joue un rôle primordial sur le plan économique et financier. Elle doit non seulement définir la politique monétaire et veiller à la stabilité des prix mais aussi assurer la solidité du système financier. Pour la banque centrale européenne (BCE) s’y ajoute, en lien avec les banques centrales de chaque pays concerné, une mission de coordination et de maintien de la sécurité et de l’efficacité des systèmes de paiement au sein de la zone Euro. Chaque décision prise par le BCE est attendue, espérée ou redoutée, puis donne lieu, sur le court ou le moyen terme, à des réactions des marchés financiers, des investisseurs et des entreprises.
Il est donc essentiel de savoir comment les acteurs économiques comprennent et interprètent ces décisions après chaque annonce, surtout en période de forte incertitude économique.
La Présidente de la BCE tient une conférence de presse toutes les 6 semaines, mais s’y ajoutent des compte rendus de réunions, rapports économiques et articles de recherche, ainsi qu’une masse de données financières accessibles gratuitement sur le site de la BCE.
Une étude récente [1] nous aide à mieux décrypter les effets de la communication de la BCE, sur la base de 273 de ses communiqués de presse entre 1999 et 2020. Plusieurs conclusions intéressantes sont à retenir.
Des mots qui valent de l’or
Tout d’abord, l’intensité et la fréquence des annonces de la banque centrale améliorent la clarté de sa communication. Elles permettent aux agents économiques de mieux comprendre le comportement de la BCE et de mieux prévoir ses décisions à venir. Ceci évite les réactions excessives ou brutales des opérateurs, à la baisse notamment et réduit l’effet de surprise des marchés financiers.
Ainsi, une hausse ou une baisse des taux d’intérêts directeurs conduit à moins d’effets négatifs pour les investisseurs dans la mesure où cette décision a pu être anticipée.
Ensuite, les avantages d’une communication fréquente et intense sont d’autant plus marqués que la politique monétaire est dite non conventionnelle, c’est-à-dire qu’elle consiste non pas à jouer sur le niveau des taux d’intérêt directeurs (baisse, hausse ou maintien) mais à injecter directement des liquidités dans le système bancaire (« quantitative easing » ou assouplissement quantitatifs), notamment par le biais de rachat d’actifs financiers (tels que des obligations par exemple).
Enfin, une communication de qualité est par elle-même bénéfique à l’économie puisqu’elle véhicule des informations sur la manière dont la banque centrale perçoit et anticipe la santé économique et financière d’un pays ou d’une zone. Sa bonne réception s’avère donc cruciale, en termes de crédibilité, d’efficacité, et de confiance sur le long terme.
Sophie Nivoix, Professeure en Sciences de Gestion, Université de Poitiers
sophie.nivoix@univ-poitiers.fr
[1] Quentin Bro de Comères, Cornel Oros, Marc Pourroy, Léonore Raguideau-Hannotin, Anne-Gaël Vaubourg, “Non-standard monetary policy and ECB communication : Confusion or predictability ?”, Journal of International Money and Finance, Volume 151, February 2025, 103236.



