Accueil > Actualités > International > Chine et multilatéralisme, quelles évolutions et perspectives (...)
Chine et multilatéralisme, quelles évolutions et perspectives ?

Le 30 août dernier, avait lieu le traditionnel colloque dédié à la Chine organisé par la Fondation Prospective Innovation et son emblématique président : Jean-Pierre Raffarin. Le Palais des congrès du Futuroscope a accueilli environ 500 personnes de tous horizons intéressées par ces questions de relations internationales éclairées par des intervenants de renom.
Parmi ces intervenants, à souligner l’allocution d’Irina Bokova, qui fut directrice générale de l’UNESCO de 2009 à 2017. Elle a souligné une implication grandissante de la Chine, que ce soit financièrement ou opérationnellement, dans les actions de maintien de la paix menées par les Nations Unies, contrairement aux Etats-Unis qui réduisent leur contribution depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.
"Au fil de mes années passées à l’UNESCO, j’ai pu constater la montée de la Chine avec notamment en 2014 une visite historique d’un président chinois au siège de l’Organisation. En 2016 a été inauguré un prix pour l’éducation des filles et des femmes qui est financé par la Chine. [...] Enfin, la Chine est le premier pays avec 55 sites inscrits au Patrimoine Mondial. [...] Il faut aussi noter que la Chine tend à utiliser avec plus de retenue que les Etats-Unis son droit de veto aux Nations Unies."
Le Président de l’Institut Panafricain de Stratégies, ancien ministre des affaires étrangères du Sénégal, Cheikh Tidiane Gadio, a rappelé que " l’Afrique est toujours le parent pauvre du multilatéralisme mondial. L’Europe et les Etats-Unis ont tendance à se désengager du continent alors que les pays asiatiques y sont de plus en plus présents. En 1963, au moment du désengagement de l’Europe, l’Afrique comptait 32 états. Aujourd’hui, il y en a 54 et la partition n’est pas terminée. Or, certains ne sont pas viables. [...] Le projet de monnaie unique en Afrique en 2020 serait déjà une bonne chose. [...] L’Afrique est le seul continent du monde qui n’est pas membre permanent du conseil de l’ONU avec droit de veto ! Si ça avait été le cas, nous n’aurions pas approuvé l’intervention en Libye. D’ailleurs il faut un grand plan d’action contre le terrorisme en Afrique, c’est une urgence. [...]
Pour rappel, l’Afrique détient un tiers des ressources naturelles du monde et sa jeunesse est une richesse, mais il faut lui donner un avenir ! La Chine est un ancien "pays en voie de développement", ça nous redonne de l’espoir."
Pour Sylvie Bermann, Ambassadeur de France en Russie depuis 2017, "la Russie est sur le point de retrouver une place importante sur la scène internationale. Elle a gagné en Syrie, Moscou est la "nouvelle Mecque" du Moyen Orient. Les Russes s’intéressent à nouveau à l’Afrique et à l’Amérique Latine. Il y a 10 ans, la Russie était sur le point d’envahir la Chine, aujourd’hui, les deux pays font des manœuvres communes. Le phénomène déstabilisant pour les relations internationales vient plutôt des Etats-Unis aujourd’hui."
D’autres interventions de qualité ont ponctué la journée qui fut introduite par le président de Région Alain Rousset et Jean-Pierre Raffarin.
En matière de multilatéralisme, globalement, la Chine marque des points alors que les Etats-Unis en perdent et se marginalisent. Quant à l’Europe, elle aurait pu jouer un rôle déterminant sur la scène mondiale mais elle a du mal à parler d’une seule voix et surtout à agir, de plus, l’euro n’est pas une monnaie de réserve.. Peut-être le Brexit sera l’électrochoc salutaire ? comme le remarquait Jean Bizet, président de la Commission des affaires européennes au Sénat.
CR
Tweet