Accueil > Actualités > Avis d’experts > Le continent africain, terre d’opportunités
Le continent africain, terre d’opportunités
Créer une entreprise et la faire prospérer constitue une tâche ardue et chronophage, quel que soit le secteur d’activité et le pays concerné.
S’agissant des activités localisées sur le continent africain, il faut y ajouter des éléments de contexte qui peuvent accroître les difficultés rencontrées, ou à l’inverse faciliter certaines étapes.
Précisons tout d’abord qu’il convient de ne pas céder à une approche réductrice qui conduirait à homogénéiser artificiellement un continent comprenant plus d’une cinquantaine de pays, répartis sur deux hémisphères. Il s’agit donc d’une zone économique incluant le double des pays de l’Union Européenne, sur une surface bien plus étendue que l’Europe, et avec une vitalité démographique sans pareille. De quoi susciter l’intérêt des exportateurs qui souhaitent étendre leurs marchés, et celui des entrepreneurs, locaux ou étrangers.
Parmi les écueils rencontrés par les entreprises, certains sont particulièrement saillants en Afrique (Kamdem et Apitsa, 2024 [1]). L’accès au financement, même à petite échelle, reste insuffisant, exacerbé par un maillage bancaire clairsemé, une dépendance aux aides internationales et une rareté des marchés financiers. Par ailleurs, l’environnement réglementaire et l’instabilité politique de certains pays rendent les prévisions et la planification stratégique à long terme particulièrement ardue. À cela s’ajoute la coexistence d’un secteur informel à la fois fragile et dynamique, en parallèle de l’économie formelle.
S’adapter plutôt que transposer directement les méthodes qui prévalent au Nord
Un autre défi, accentué par la jeunesse de la population, réside dans la formation et l’insertion professionnelle. L’accès à l’éducation et le système universitaire, encore en développement, ne suffisent pas toujours à répondre aux besoins en compétences locales. Sur le plan matériel, les infrastructures routières, ferroviaires et portuaires peinent à assurer une fluidité logistique optimale. Les fournisseurs d’électricité et d’accès à internet ne sont pas en reste, confrontés à des ruptures dans certaines régions. À des situations distinctes, des solutions adaptées : il est donc crucial de résister à la tentation de transposer les stratégies des entreprises occidentales sans les adapter.
Le besoin de réponses spécifiques se manifeste également face aux défis climatiques. Les pays du Sahel et d’Afrique du Nord, particulièrement vulnérables au réchauffement et à la désertification, voient leurs activités agricoles menacées.
Pourtant, l’Afrique regorge d’opportunités et d’atouts. Soulignons le rôle central des femmes dans le tissu économique, notamment au sein des micro-entreprises. Elles y tissent non seulement des liens commerciaux locaux, mais maintiennent également un lien social profondément ancré dans les traditions. Les femmes incarnent aussi un exemple d’initiative, d’autonomisation et de développement de compétences, un modèle précieux dans un monde où la maîtrise technologique s’acquiert tout au long de la vie. Les virages techniques, numériques et autres innovations seront encore nombreux à l’avenir, tant pour les individus que pour les entreprises, quel que soit le continent.
Sophie Nivoix, Professeure en Sciences de Gestion, Université de Poitiers
sophie.nivoix@univ-poitiers.fr
(Image créée sur PixirExpress)
[1] E. Kamdem et S. Apitsa, 2024, L’Afrique en transformation, Editions EMS.
