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Actualités 8 avril 2010

Sinistrés de la tempête Xynthia, Lionel Quillet demande des critères équitables pour la définition des zones

Alors que de nombreux sinistrés de la tempête Xynthia attendent avec angoisse la publication des fameuses zones inondables dans lesquelles les habitations seront rasées, nous avons recueilli le témoignage d’un élu : Lionel Quillet, Maire de Loix (Ile de Ré), Président de la Communauté de communes de l’île de Ré, et Conseiller général (Président de la Commission Mer et Milieu maritime).

« Nous sommes en négociation avec la Préfecture depuis le lundi 29 mars, date à laquelle j’ai présenté au Préfet ma démission de tous mes mandats en réaction à la proposition orale de raser 60 maisons sur l’île à l’issue d’une étude menée en 15 jours alors qu’il nous a fallu 3 ans pour construire le Plan de Prévention des Risques » explique Lionel Quillet.

La nécessité de critères équitables et objectifs

« Je refuse cette globalisation faite à la hâte ; des critères objectifs doivent nous être fournis pour justifier ce zonage. D’ailleurs, après avoir négocié avec la Préfecture depuis le 29 mars, nous sommes descendus sur la commune de Loix de 60 maisons en zone rouge à 25 ! ».

Lionel Quillet

Les critères pris en compte par les pouvoirs publics pour déterminer ce zonage sont officiellement les suivants :
- 1 mètre d’eau dans la maison lors de la tempête
- La violence de l’arrivée de l’eau avec une présence notamment derrière les digues
- Une maison non défendable en termes techniques

Un 4e critère semble également émerger : le coût. Un impact qui induirait que certaines maisons ne soient pas placées en zone inondable car le coût engendré par l’indemnisation, la destruction, serait trop élevé.

« Notre objectif est de descendre de 25 maisons à raser à moins de 10 car sur ces critères, certaines, effectivement, particulièrement isolées ou construites en zones marécageuses, présentent un risque, mais nous refuserons toute globalisation .

Ce qui est le plus triste, c’est la situation de détresse de ces personnes pour qui ce zonage fait à la hâte est une « double peine » : ils ont subi la tempête et on leur rase leur bien avec une contrepartie dérisoire. Sur l’île de Ré, par exemple, on sait bien que le prix du foncier est élevé : par exemple une personne somme toute modeste qui vient de construire une maison et dont la valeur globale terrain + construction atteint 450 000 euros, va recevoir une indemnisation de l’ordre de 120 000 euros. Quid du prêt à rembourser à la banque ? Si ces personnes entament des recours, ils verront certainement une issue à leur combat, mais dans 10 ans. En attendant, après l’inscription en zone rouge, leur bien ne sera plus couvert par les assureurs… c’est perdu d’avance. » conclut Lionel Quillet.

Des intérêts… économiques

Alors que la sécurité des personnes est mise en avant par les pouvoirs publics pour justifier à la fois l’urgence et l’ampleur des destructions d’habitations, il semble pour le moins étonnant que certains lieux, comme par exemple un établissement thermal de l’ïle de Ré, qui a connu plus de 2 mètres d’eau dans ses murs, soit épargné par ces mesures radicales.

Certes, l’économie est un critère important pour le développement d’un territoire, mais l’équité et la sécurité des personnes le sont également.

Un travail en bonne intelligence sur les digues depuis la tempête

Alors que Lionel Quillet souligne le «  désengagement de l’Etat dans l’entretien des digues depuis 20 ans  », confirmé par la lecture d’un rapport réalisé en 2006 à consulter ici, il salue le travail accompli depuis la tempête tout en le relativisant : « aux Pays Bas, l’Etat a mis des milliards pour protéger efficacement les côtes, en France, les travaux ont été menés sur des fonds d’urgence depuis la tempête en bonne intelligence, en prenant en compte les remarques des anciens. »

Crédits photo Eric Chauvet 0680602808

« Nous n’avons pas eu besoin de beaucoup d’études pour mener à bien ce projet puisqu’il était déjà dans les cartons depuis 15 ans, mais non réalisé en raison de la lourdeur administrative : pas moins de 11 procédures étant nécessaires en temps normal pour faire avancer le chantier. Aujourd’hui, 230 millions d’euros seraient nécessaires pour boucler le budget, des fonds dont l’Etat ne dispose pas officiellement." conclut Lionel Quillet.

(Pour information, 320 millions d’euros ont été versés récemment par l’Etat à Haïti suite au séisme qui a détruit le pays et 6 milliards d’euros ont été prêtés aux constructeurs automobiles français en 2009 pour faire face à la crise...).

Dernière minute : Maxime BONO, Député-Maire de La Rochelle, vient d’être nommé Président de la Mission d’information parlementaire
sur les raisons des dégâts provoqués par la tempête Xynthia.



  • Yves Kinard
    8 avril 2010, 00:26

    Bien évidemment, je continue à suivre les suites de la tempête Xynthia dans la mesure où mon passage dans la région a contribué à m’y attacher. Aussi, j’écoute avec intérêt ce qui se dit ces derniers jours notamment au sujet des 1000 à 1500 maisons qui devraient être rasées alors que dans le même temps on parle de seulement 150 à 200 000 € d’indemnisation par maison, ce qui sera déjà, me semble-t-il, insuffisant pour couvrir la valeur des maisons en elles-mêmes, mais en plus ne tiendront pas compte de la valeur des terrains à l’achat.

    Impossible dans ces conditions pour les sinistrés de reconstruire ailleurs.
    Et depuis quelques jours j’écoute ce qui se dit et suis scandalisé car je n’entends pas ce qui me semble être une évidence non prise en compte, celle de la responsabilité des pouvoirs publics. Au contraire, j’ai plutôt l’impression de l’Etat en tête, mais ensuite, les Régions, Départements et Communes choisissent la voie de l’expropriation tout en ignorant dans le même temps leur responsabilité.

    D’une certaine manière, je suis convaincu que cette attitude est choisie car elle coûtera au final moins cher aux pouvoirs publics.

    Dans cet événement, il faut distinguer deux éléments :

    - Le premier est celui du simple bon sens qui aurait dû conduire les riverains à ne pas s’installer dans une zone manifestement inondable en circonstances exceptionnelles. En repensant à des ballades que j’ai faites dans la région, notamment vers Chatelaillon en passant par Aytré, ou en allant vers le nord vers la Faute sur Mer, je m’étais sincèrement dit que je n’aimerais pas être dans l’une de ces maisons si jamais un épisode climatique exceptionnel se présentait. C’est particulièrement après Aytré et à Chatelaillon que je m’étais fait cette réflexion car l’exposition à la mer y est très visible.

    - Mais le deuxième point est de se dire que cette installation ne date pas d’hier et que le même bon sens peut être associé à la réflexion de ces riverains qui en s’installant se sont dit que les autorités avaient pris en considération les risques liés à cette zone et que si elle était constructible, c’était parce que les pouvoirs publics avaient estimé que c’était sans risque.

    De plus, on peut estimer, un peu comme en Hollande, que si l’Etat autorise un lotissement sous le niveau de la mer, c’est que dans le même temps sa responsabilité d’aménageur lui a fait prendre les dispositions nécessaires au niveau des protections, donc des digues.

    Or, que voit-on ? D’après tout ce que j’ai lu, les digues à de nombreux endroits étaient connues comme vieillissantes et manquant d’entretien. J’ai même cru entendre qu’à certains endroits endommagés par la tempête, des travaux étaient prévus l’année prochaine. Mais sans doute aussi, d’après ce que j’ai lu, après des années de demandes pressantes des collectivités concernées auprès du responsable : l’Etat.

    Que maintenant l’Etat s’exonère de sa responsabilité en décrétant purement et simplement que les maisons doivent être rasées et les zones déclarées inconstructibles me révolte.

    Et paradoxalement, cette idée évidente n’est pas relayée dans la presse et les médias. Je n’ai encore rien vu en ce sens. A mon sens, les assurances doivent indemniser les sinistrés et se retourner vers l’Etat qui n’a pas rempli ses obligations de protection des citoyens. Et dans le même temps, les habitats ainsi que les activités existantes doivent être maintenues sur place tandis que l’Etat fait le nécessaire pour leur protection. Mais voilà, cela va coûter plus cher. Ah ben oui, mais quand on fait des bêtises, on répare, on assume.

    Yves Kinard, architecte naval.

  • Daniel de Paz
    9 avril 2010, 14:49

    Si lors de chaque incident exceptionnel climatique ou météorologique on décide de raser les maisons existantes et de rendre la zone inconstructible il n’y aura bientot plus en France de lieu où édifier des maisons : bord de mer, rives de fleuves, zones sismiques, zones d’éboulis de pierres en montagne etc...
    La réalité est que pour les fonctionnaires de l’Etat il est plus simple d’ouvrir le parapluie et dire "zone inconstructible" plutot que de prendre les mesures pour assurer la sécurité minimum des citoyens. C’est aujourd’hui un trés mauvais calcul car il faut s’attendre à la forte grogne des 1500 propriétaires expulsables et de leur entourage. Bon courage aux autorités ! Il serait plus simple économiquement et politiquement parlant de reconstruire les digues délaissées par des décennies d’incurie de l’Etat.

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